Revoir - 2009
Capturer ce lieu d’enfance et d’adolescence, s’éloignant de moi à mesure que les années passent.
Marcher sur les routes autrefois dévolues au parcours en voiture, retrouver les raccourcis qu’ado on avait inventé, qui n’étaient pas tant des chemins plus courts qu’une manière de ne pas suivre ceux déjà tracés, de s’emparer du territoire, de résister aux consignes. Avec un regard distancié, refaire le dimanche, la promenade que les parents imposaient, détestée par principe, qu’on faisait en rechignant tout le long, marchant deux mètres derrière en trainant les pieds.
Arpenter ce paysage originel, entre ville et campagne, tout à la fois pittoresque et insipide, une de ces zones périurbaines mal définies comme il en existe tant. Photographier ces lieux standardisés : lotissements, ronds-points, champs, supermarchés. Par l’image, offrir un cadre à ces lieux indéfinis, une existence propre. En révéler une certaine esthétique. Il était important pour moi d’interroger cet endroit, qui en évoque d’autres, sur lequel je porte un regard aussi tendre qu’accablant, de rendre compte de la complexité de ce lieu, de son silence aussi morne que paisible, que j’étais pressée de quitter mais qui ne me quitte pas, comme surement tout paysage d’enfance, ce point de référence devenu point de départ.